Le juste prix

L'évaluation d'un fonds de commerce est une science à part entière. En comprendre les rouages, c'est s'assurer de payer le bon prix... tout en identifiant les leviers de négociation.

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La valeur d'un fonds de commerce tient avant tout à sa rentabilité financière. Mais la valorisation des différents éléments qui le composent (le corporel et l'incorporel) peut faire sensiblement bouger le prix à payer.

Matériel, équipement, personnel, tout est compris !

Chiffrage d'affaire

Jacques Guillet, dirigeant du cabinet Bocquier à Nantes, nous donne quelques pistes pour comprendre la mécanique de l'évaluation, qui est loin d'être une science exacte.

« Il y a en fait plusieurs approches qui peuvent être croisées. Nous, nous partons soit de la valeur du chiffre d'affaires, soit de l'EBE (excédent brut d'exploitation) sur les trois derniers exercices. Après, on observe leur évolution année après année et même mois après mois.

Le commerce est-il en déclin ou en phase ascendante ? La part des ventes dues aux livraisons est-elle importante ? Combien de jours sont travaillés sur l'année ? Tous ces éléments vont avoir une incidence sur la valeur définitive du bien.

En général, on se situera autour de 80-90 % du chiffre d'affaires. Les moins bonnes seront est imées à 70 % et les meilleures à 100 % », indique-t-il.

À vous de repérer les faiblesses du fonds qui n'ont pas été prises en compte. Comprenez par exemple que plus le nombre de jours de fermetures à l'année est faible, plus le prix pourra être revu à la baisse.

Sachez aussi que dans certaines grandes villes, le marché de l'offre et de la demande peut changer la donne. À Paris, aujourd'hui, une boulangerie-pâtisserie qui se paie le luxe de fermer tout le week-end sera évaluée facilement à 110 et même 130 % du chiffre d'affaires !

Petite bombe

Pour Cédric Gérard, expert-comptable du cabinet Strego à Saumur, et Benoît Caillaud, comptable en charge du suivi des boulangers-pâtissiers, « les états financiers sur trois ans représentent une source importante d'information lors de l'évaluation d'un fonds de commerce. Ils servent à suivre dans le temps l'évolution de la performance de l'entreprise.

L'actif immobilisé au bilan nous donne une première approche sur l'état de vétusté du matériel. Les fonds propres inscrits au passif nous renseignent sur la santé financière de l'entreprise et donc sur la rentabilité du fonds.

Le compte de résultat expose le rendement sur une année. L'EBE est un élément à analyser attentivement. Son solde indique la capacité qu'aura l'exploitant individuel à rembourser ses prêts et à prélever son nécessaire pour vivre ».

Pour appréhender tous les aspects économiques d'une transaction, il vaut mieux se faire accompagner par son propre expert-comptable. Sachez que les chiffres du prédécesseur vous serviront aussi à bâtir votre prévisionnel, un document incontournable pour rassurer le banquier.

Un four récent aura une incidence importantesur la valeur et l'attractivité du fonds.

 

Valorisation

Évidemment, les chiffres passés ont aussi leur limite… Le matériel ne vaut par exemple plus grand chose sur le plan comptable quand on arrive en fin d'amortissement. Pourtant, sa valeur d'usage reste bien réelle.

L'outil de production et l'agencement du magasin (qui comportent les installations, la mise aux normes, le mobilier, les équipements et le petit matériel) sont « vendus en l'état » et, logiquement (c'est la loi), en « bon état de fonctionnement ». Cela se paie !

« La valeur du matériel dépend de sa date d'acquisition et de sa vétusté. Les experts techniques des deux parties (installateurs le plus souvent) interviennent dans l'évaluation. On dresse avec eux, en présence du vendeur et de l'acquéreur, un inventaire détaillé et on convient d'un prix pour chaque pièce. On précise aussi les éléments qui doivent être réparés ou remplacés », commente Jacques Guillet, du cabinet Bocquier.

La valorisation des biens corporels permet d'ajuster le prix définitif de la vente et de faire rentrer le matériel dans un nouveau cycle d'amortissement.

Notez que la mise aux normes électriques (obligatoire) est à la charge du vendeur. Certains mandataires proposent en plus un diagnostic en matière d'hygiène pour éclairer l'acheteur sur l'importance des travaux à réaliser en ce sens.

par Armand Tandeau (publié le 4 janvier 2011)

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